AVRIL 1592.                                247
evesques; ordonna que, sans avoir esgard à icelui, le procés seroit fait à Du Jardin et ses complices; en­joint à Ferrand, leur rapporteur, d'y vaquer.
Le dimanche dix-neuvieme dudit mois d'avril, les prédicateurs de Paris, faschés de cest arrest de messieurs de la cour, les preschent comme fauteurs de l'heresie et du parti du Bearnois; disent qu'ils n'en veulent qu'aux gens de bien, pour ce que, selon le deu de leurs charges, ils tiennent la main à ce que justice soit faite des brigands et des meurtriers.
Le mardi vingt-unième dudit mois, M. de Victri estant à Paris ches La Raverie, où il s'esgaioit et passoit le temps : ad visant un perroquet qu'elle avoit,'qui ne disoit mot, lui demanda si son perroquet ne parloit point. A quoi aiant respondu qu'oui, mais qu'il lui fa­loit monstrer de l'argent : autrement qu'il ne parloit point; mais quand il en voioit, qu'il triumphoit d'en conter, et babillolt comme un geay : V ictri, pour en faire l'essai, ayant tiré une piece d'argent de ses chausses, voiant qu'à la veue d'icelle le babil estoit revenu à ce perroquet, va dire en riant bien fort : «Par Dieu, ma-« dame, je croi moi que ce sont les prédicateurs de « ceste ville qui ont sifflé et appris vostre perroquet, « car il fait tout ainsi comme eux : pour de l'argent on « leur fait dire, babiller et prescher tout ce qu'on veult; « mais s'ils n'en voient,, ils ne disent non plus mot quc « lui
Le vendredi vingt - quatrieme dudit mois, M. de Gland me dit la mort de M. de Breau, nostre ami commun, que l'on disoit estre decedé de la maladie en sa maison de Breau.
Le lundi vingt - septieme dudit mois, M. Pousse-
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